dimanche 21 novembre 2010

La vallée de larmes

Ici. A la frontière entre ton indifférence et ma colère, ici je me tiens, seule dans ce désert de sel. Cette zone oubliée par le soleil s'étend au-delà de l'horizon, et le silence n'est rompu que par le crépitement du sol qui s'effrite sous mes pas. Un larme naît au coin de mon oeil, s'alourdit à la pointe d'un de mes cils. Elle roule sur ma joue et s'arrête le temps d'une respiration sur mon menton, avant de se laisser tomber et venir mourir contre la terre. L'éclaboussure humide forme une tache sombre sur un fond blanc.
Les larmes se suivent, empruntent le chemin tracé par la première. L'éclaboussure grandit. Les gouttes se fondent progressivement en une petite flaque; la flaque devient une mare, et la mare s'étend jusqu'à devenir une mer infinie. J'ai les chevilles caressées par les remous froissés de la surface d'eau salée. Chaque larme élève le niveau de la mer. Au moment où elle atteint mon menton, je me souviens: chaque jour, chaque heure, je revis cette mort, et je la revivrai encore, encore, encore. Déluge de pleurs, sécheresse saline, ma vie se reduit donc uniquement à ce cycle perpétuel?
Notre amour est une vallée de larmes et je m'y noie.

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