lundi 29 septembre 2008

Lettre à l'amant imaginaire

Lettre lancée au gré des vagues, la lira-t-on, l'oubliera-t-on? Le but est-il toujours de donner à lire, quand nous prend l'envie d'écrire? Pour moi? Pour eux? Pour lui? Pour?

J'ai mal à la tête, à l'arrière du crâne. Le soleil, en traître, m'a frappée un coup dans le dos. Je me renverse et je me retourne mais jamais je ne me relève.

Epaules détendues, un petit fourmillement sur la nuque, où aucun baiser n'a été déposé depuis une éternité; pourtant c'est mon péché mignon, celui qui me donne des frissons.

Pieds nus sur le lit, du bout des orteils je joue avec le drap. Ils décrivent de petits cercles, des spirales et des lignes droites. Parfois un pied caresse l'autre en un mouvement qui part de la plante au haut de la cheville, traversée voluptueuse.

Légèrement somnolente j'ai de drôles d'illusions. Le plus souvent je sens des chatouillements sur tout le dos... comme des doigts fins qui m'effleurent et qui ne font que m'effleurer. Parfois accompagnés de la sensation d'un souffle chaud, lentement périodique sur la base du cou. Les doigts fins viennent se perdre dans mes cheveux, ne savent plus comment ressortir de cette masse qui les a avalé.

Et lorsque je m'adandonne à vous, je sens vos lèvres caresser le lobe de mon oreille, mon amant imaginaire. Car je n'ai pas l'envie de vous résister. Vous aimez poser ma tête contre votre coeur et me laisser deviner plutôt que percevoir les battements réguliers.

Une fois, à l'orée du sommeil, j'ai senti que vous déposiez un baiser sur ma tempe, un sur mon front, un sur chacune de mes paupières, un sur le bout de mon nez, un autre sur mon menton, puis un sur mes lèvres. Je me suis réveillée pourvous surprendre à mes côtés et vous rendre vos baisers, mais vous étiez déjà parti, mon amant imaginaire.

Etes-vous un songe, mon amant imaginaire? Je pense que oui. Mais alors comment faites-vous? Comment faites-vous pour être plus réel que tous mes songes nocturnes? Pourquoi ceux-ci ne sont-ils que des images alors que vous avez réussi à venir à la vie? N'avez-vous donc point envie de me voir animée dans vos bras? Ou auriez-vous peur de laisser mon regard pénétrer le votre? Pensez-vous que je pourrais vous blesser si c'était moi qui vous touchait?

Peut-être que cela n'a pas de sens de vous écrire une lettre. Pourquoi la liriez-vous, et pourquoi m'y répondriez-vous alors que toutes mes prières n'ont point trouvé de retour de votre part?

Je pose ici ma plume, mon amant imaginaire... peut-être viendrez-vous me rejoindre... peut-être.

vendredi 19 septembre 2008

Je regarde ailleurs



Il m'arrive de regarder le ciel comme si je l'apercevais pour la première fois. Ses couleurs me surprennent alors, et je me demande comment il m'a échappé jusque là que les étoiles y étaient serties en si grand nombre. Aussi loin que je puisse m'en souvenir, l'émerveillement m'a ainsi saisi des milliers de fois. Les mêmes questions fusent, et comme d'habitude, je ne leur trouve aucune réponse. Et ce n'est pas grave, car ce qui importe c'est de se les poser.

Alors que tout le monde se mélangeait au mouvement de la fête, je levai les yeux et je me perdis dans cette contemplation, oubliant tout autour de moi. Parfois les pensées se forment sans se formuler, et c'est ainsi que je me retrouve à naviguer loin de la fermeté des vagues, au gré des immensités éthérées qui nous surplombent.

Ephémèrement immortelle en cet instant où je regarde ailleurs. Où je suis d'ailleurs.

Je ne sais pas jusqu'où je voyage ainsi, à une vitesse plus vertigineuse que celle de la lumière. Je décris une boucle et je retrouve ma place, baisse les yeux et ré-oublie le ciel.

Deconnexion.

Lorsque je retrouve ma place parmi les autres, je perds la mémoire du voyage. Je retourne à la fête, l'agitation des miens. La musique m'emplis le ventre et nous dansons tous. Nos déhanchements nous épuisent et nous maintiennent bien loin de cet ailleurs, dans lequel nous nous perdrions sans ce garde-fou. Car nous nous abîmerions vertigineusement à tomber dans l'infini.

mardi 2 septembre 2008

La deuxième fois

Murmures croisés, échos portés et chants mourants

Au bord de son corps je chancèle,

Dans la chute je le précède, je l'entraîne

Les fruits mûrs ont été dégustés, dévorés, avalés.

Le jus en a dégouliné et il nous couvre.

Je ne sais pas si je peux me relever,

je vacille et ma vue se trouble.

J'ai donné, pris, volé.

Maintenant je me noie dans mon indolence,

Il me regarde avec insolence.

Le souvenir de ce qui s'est passé est déjà irréel,

Nous devons recommencer pour tout retracer,

Reconstitution pour enquête. Mes requêtes, ses quêtes.

Il me saisit avec assurance,

celle de celui qui réinvestit un territoire déjà conquis.

Il me veut, me veut, me veut.

Je le lui offre, il l'honore.

Encore, encore, encore.

Le monde se limite à nous deux, la raison a déserté

Et le temps se trahit, il se répète.