dimanche 4 décembre 2011

Le crime de ma mémoire


Ma mémoire moribonde gît dans la poussière
Ses murmures me parviennent à peine
Elle m'exhorte: ne m'ignore pas, ne t'oublie pas.
Elle me fixe du regard accusateur des innombrables générations qui me précèdent.

Je voudrais me souvenir.
Je ne me souviens pas, ou mal.
Je sais à peine mon nom, mais je le tais.
On m'a appris à être honteuse la tête haute,
A croire aux mystifications plus qu'à mes interrogations.

On m'a appris que j'étais romaine, phénicienne, orientale ou vandale
et j'ai aquiescé, j'ai nié mon africanité
Je l'ai pietinée et regardé les autres la maltraiter
Au point d'être devenue complice
du crime de ma mémoire

J'ai laissé s'ouvrir un abîme sous mes pieds,
J'ai laissé mes légendes sombrer
J'ai perdu mes rêves de grandeur
Je les ai remplacé par la sagesse du vaincu.

Cela ne me suffit plus.

Aujourd'hui, j'ai décidé d'arrêter d'être l'autre
De retourner en arrière pour faire marche avant
De faire revivre mes ancêtres, de lever haut leur étendard.
Et tant pis si je marche seule sur le chemin escarpé de mon histoire
Tant pis si tu ne comprends pas la reconquête de ma mémoire
Tant pis si je change, si je ne suis plus la docile affranchie de tes souvenirs

Je me redresse, ma voix porte et se conjugue à celle de Dihya la berbere
Mon front aux couleurs noires de Kemet la terre-mère
Mes poings serrés à hauteur de ma colère

Non, je ne serais plus complice
du crime de ma mémoire

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