mardi 13 avril 2010

Ce que la ville doit à la nuit


Les nuits me parlent des villes comme le vent me donne des nouvelles de mes vieilles amitiés. Tunis sous cette obscurité mi-nuageuse mi-printanière, c'est ma cité de coeur dans son plus bel habit. Sur la grande avenue que je suis allée parcourir armée d'un boîtier et d'un mauvais trépied, les uns et les autres passent d'îlots orange de lumière des réverbères en mers blanches et rouges de phares et de klaxons.

Les bavardages sont toujours inutiles quand on n'est que le petit figurant d'une scène dont le décor est l'acteur principal; je me taisais donc. Je n'avais rien à faire sinon laisser Tunis nocturne entrer dans mes clichés. Et ceux qui me croisaient se fixaient dans cet intermède capturé comme autant de fantômes, ce qu'ils sont, ce que je suis à Tunis. La photographie me l'a dit: nous ne sommes que transparents; la pierre et la lumière urbaines sont la seule matière dense et opaque d'une ville.

Aimer une ville c'est l'embrasser toutes les nuits.

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