C'est un temps de crise, un temps
poisse
les poètes sont attendus au tournant
de l'angoisse
on ne parle plus d'amour, ni même de
chagrins d'amour
non, aujourd'hui on rime sur nos vies
bouffées par le cours de la bourse
les récession et la misère de nos
aspirations dérisoires.
C'est la mort de l'espoir,
La posture cynique ou désabusée,
c'est le choix des nouvelles Sophie.
Nous sommes des artistes amers vivant
dans une époque immunisée contre le merveilleux
Les paradis sont synonymes
d'artificiels, les échanges sont matériels et donc les poèmes sont
devenus factuels.
L'air du temps, tu sais, c'est juste
des aérosols qui te bouffent les poumons,
Le cours de la vie, tu sais, c'est
juste les eaux qui charrient du poison
Le poids des mots, tu sais, c'est rien
de plus qu'une consolation pour les pauvres cons.
C'est un temps de crise, un temps de
poisse
Les prophètes trépassent et les
banquiers croassent.
Donc toi le poète, pourquoi tu
angoisse?
Tu n'as qu'à composer des slogans pour
vendre de la lessive,
Ainsi tu utilise ton talent de manière
constructive.
Oublie l'infini que tu soupçonnes
derrière l'horizon,
concentre-toi à vendre et acheter des
substituts de passions.
Va, la beauté n'existe que dans ton
vide intérieur.
Mais n'est-ce pas justement quand le
monde clame haut et fort qu'il est laid que l'art est là pour en
panser les plaies?
Je passerais pour une illuminée, mais
tant pis, je m'enflamme pour des ciels bleus
et des nuits d'été.
Je regarde les étoiles et je perds les
mots des 10mille ans de civilisation qui me précèdent.
Muette, sourde, primitive jusqu'au fond
de mon regard caverneux, je pointe le doigt pour dessiner des
constellations,
un sourire béat collé sur ma pensée
rouillée.
Ne t'y trompes pas, l'exubérance des
paraboles et l'éloquence des images, c'est juste des tremplins pour
savoir perdre la parole.
La poésie est un acte dont le silence
est la jouissance.
Régresser, c'est ce que j'ai trouvé
de mieux pour résister.